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« Que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle, pour être en règle ? » C’est la question piège posée à Jésus par le docteur de la Loi de l’évangile. Même type de question, posée dans un contexte différent, par certains jeunes ou moins jeunes lorsqu’ils demandent un démarche religieuse pour leur mariage à l’Église!

Hier comme aujourd’hui, beaucoup s’arrêtent au niveau du faire comme pour être en règle par rapport à une Loi, à un règlement ! Est-ce cela être disciple de Jésus ? Pour y répondre parcourons la pédagogie de Jésus vis-à-vis du docteur de la Loi.

Dans un premier temps Jésus renvoie son interlocuteur à la Loi, dont il est un spécialiste. : « Dans la Loi qu’y a-t-il d’écrit ? Et comment lis-tu? » Ce faisant, il renvoie son interlocuteur au niveau auquel ce dernier se situe, au niveau du faire pour être en règle par rapport à la Loi. Jésus s’adapte et tente de l’impliquer ! « Comment lis-tu ? » C’est ainsi que, dans un premier temps, nous essayons de nous adapter aux demandes de mariage aujourd’hui !

Ce faisant, le docteur de la Loi est invité à passer du faire pour dégager le sens de la Loi, pour entrer dans une relation:  Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force.» (Dt 6, 5) Et il ajoute : « de toute ton intelligence et ton prochain comme toi-même. »(Lc 10, 27b) Aimer ainsi ne se limite plus au niveau du faire mais engage toute la personne et élargit l’amour au prochain. Notons qu’à cette époque le prochain se réduisait au compatriote et non à l’étranger!

Jésus de répondre : « Fais ainsi et tu vivras. » Il ne juge ni ne condamne mais encourage son interlocuteur à pratiquer ce qu’il vient de dire. Jésus amène son interlocuteur et nous, ses disciples d’aujourd’hui, à aller bien au-delà d’une Loi à appliquer, pour nous engager peu à peu dans une relation qui engage toute notre personne, tout notre être en incluant l’amour du compatriote.

Au cours de la conversation, le docteur de la Loi veut élargir et approfondir le débat : « Et qui est mon prochain? » (Lc, 10, 29b) Sous-entendu : Y aurait-il des personnes qui ne seraient pas mon prochain ? Cela est toujours actuel quand des petits-enfants interrogent leurs parents ou grands -parents. C’est alors que Jésus recourt à la parabole d’un homme dépouillé, battu et laissé à moitié mort sur le chemin.

«Quand un enfant tombe et se fait mal, on s’abaisse, on lui demande où il a mal, on le soigne et assez naturellement en le sert, on le berce contre soi . Mais par rapport à un adulte, écrit Anne-Dauphine Jullian, les gestes se raidissent et parfois même s’effacent. Ils rendent distants et maladroits. » C’est exactement ce qui se passe dans la parabole pour des motifs religieux. Par crainte d’être considérés impurs au contact d’un cadavre, un prêtre et un lévite passent de l’autre côté du chemin. Attitudes de peur, de malaise vécues encore aujourd’hui vis-à-vis de personnes fragilisées !

Et Jésus poursuit la parabole en proposant qu’un Samaritain, un non juif, quelqu’un de différent soit saisi de compassion, touché dans ses entrailles par un juif blessé. Il s’approche, panse ses blessures et le met sur sa monture. « Le toucher est essentiel à notre survie et à notre développement », note encore Anne-Dauphine. Le toucher est aussi le signe originel de la tendresse et de l’amour. Celui qui relie les cœurs. Ensuite, le Samaritain soigne le blessé et passe le relai à un aubergiste pour assurer le suivi et se retire. Comment ne pas rapprocher l’attitude du Samaritain de celle de Jésus vis-à-vis de la veuve de Naïm et de celle du Père prodigue au retour de son fils ?

En posant la question « Qui par compassion s’est fait proche », Jésus invite ses interlocuteurs à faire de même. Invitation à passer du respect à une Loi pour vivre largement le commandement de l’amour, pour communier à l’amour du Christ pour tous ! «Ayant été soignés et relevés faites de même ! »

Fr. Jean-Albert Dumoulin

Lectures de la messe :
Dt 30, 10-14
Ps 68, 14, 17, 30-31, 33-34, 36ab.37
Col 1, 15-20
Lc 10, 25-37

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