Après la multiplication des pains, après avoir nourri la foule, Jésus demande à ses disciples de la précéder sur l’autre rive, à Génésareth, là où il guérira beaucoup de malades. Après avoir renvoyé la foule, il monta sur la montagne pour prier.
Dans la première lecture, Élie est sur le mont Horeb. Dieu ne se manifeste pas dans le tremblement de terre ni dans le feu, mais dans le murmure ténu du vent. Aussitôt, Élie se prosterne la face contre terre. De même, dans notre évangile, Dieu se manifeste dans le retour au calme de la mer, à la fin du récit. La mer, dans la tradition biblique, est la demeure des forces du mal. Jésus marche sur les eaux : par là, il domine les forces du mal. Mais, est-ce que nous avons suffisamment de foi pour croire que Jésus marchait sur les eaux ?
Les disciples, avant de reconnaître Jésus, pensaient que c’était un fantôme, et crièrent dans leur panique. Ils se sont sentis rassurés par la parole de Jésus dans la tempête : « Confiance, c’est moi ! » Pierre prit la parole : « si c’est bien toi, ordonne-moi d’aller vers toi ! » Mais Pierre a eu peur et il s’enfonça en criant : « Sauve-moi ! » Alors Jésus de lui dire : « Homme de peu de foi ! » Jésus, dont le nom signifie : « Dieu sauve », l’aidera à sortir des eaux.
Pour les disciples, donc, tout d’abord, ils ont vu Jésus comme un fantôme. À la fin du récit, Pierre dira : « Tu es le Fils du Dieu vivant ! »
C’est avec surprise que nous constatons, à propos de la foi, que nous avons un grand besoin que Dieu nous la concède. Cela se vérifie en particulier dans le moment que nous vivons, où il n’y a pas de sécurité, où tout est devenu obscur et douteux, même ce qui concerne l’Église, dont la barque est le symbole, mais sur laquelle beaucoup de doutes s’expriment actuellement : ainsi, on parle du christianisme comme d’une religion qui appartient au passé. Nous sommes entrés dans une ère post-chrétienne.
La réaction de Jésus dans notre évangile est immédiate. Au milieu de la tempête, on l’entend dire : « Courage, c’est moi ! » Croire en Jésus marchant sur les eaux, ce n’est donc pas s’appuyer sur des arguments intellectuels, mais sur la puissance de notre foi.
Il y a une distance énorme entre les croyants que nous croyons être et les croyants réels que nous sommes. Que pouvons-nous faire, si nous constatons en nous une foi si fragile ? Premièrement, ne pas désespérer, car la recherche de Dieu se vit souvent à tâtons. Ce qui importe, c’est de pouvoir entendre sa voix, comme Pierre criant : « Seigneur, sauve-moi ! » Savoir lever nos mains vides vers Dieu, non pas seulement comme un geste de supplication, mais encore de confiance, car nous sommes petits et nous avons besoin de lui. Avant tout, la foi n’est jamais quelque chose d’acquis, mais plutôt, c’est un don de Dieu. Le doute est une occasion pour purifier notre foi. C’est aussi une façon de grandir comme chrétiens
Fr. Manuel Akamine
Lectures de la messe :
1 R 19, 9a.11-13a
Ps 84 (85), 9ab-10, 11-12, 13-14
Rm 9, 1-5
Mt 14, 22-33