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Ceci n’est pas un vitrail mais l’aile d’une libellule.

Habituellement, n’est-ce pas pendant le temps de l’avent que nous entendons Jésus nous exhorter à garder nos lampes allumées, à veiller et à nous tenir prêts. Pourtant l’évangile de ce jour nous invite bien à la vigilance. Les vacances ne se sont-elles pas, pour beaucoup, fait attendre comme le jour de Noël ?

Le premier lien que je vois entre ces deux moments, c’est qu’ils sont chacun un temps d’espérance. On aspire aux vacances , à sortir de la vie de tous les jours, pour s’oxygéner ou renouer avec nos passions oubliées par le quotidien overbooké, comme on dirait aujourd’hui… Et Noël, comme chaque année est un temps où nous renouvelons des vœux pour notre vie.

Noël et le temps des vacances sont des moments lumineux pour retrouver une espérance et une saveur nouvelle de nous-mêmes, des autres et aussi de Dieu.

Plus profondément, ces temps de renouvellement ne sont-ils pas des temps propices pour interroger notre vie ? Quel est mon projet de vie ? Quel est mon engagement et quelles sont mes priorités ? Mes responsabilités ?

Vivre selon le cœur de Dieu, c’est assumer notre liberté dans ce qu’elle a de plus vivant et donc de plus exigeant. Car la liberté est exigeante. Elle est un don de Dieu et il nous demande de veiller sans cesse sur elle.  On pourrait nous dire que la liberté est une sage utopie puisque notre vie sociale nous impose sans cesse des conditionnements  on prend le bus, on dépend du chauffeur ; on va au restaurant, on dépend du cuisinier ; on travaille, on dépend toujours de quelqu’un d’autre ; on rentre en famille, on retrouve d’autres exigences, et même si on vit seul, on dépend de soi-même et de toutes les barrières qui nous empêchent de nous ouvrir. Vivre la liberté dans le monde, à l’image de Dieu, n’est-ce pas gérer nos dépendances en essayant de ne pas y mettre notre cœur ? Marchons dans la confiance sur le chemin de notre vie pour y découvrir ce qui nous rend libre en vérité.

Le passage du livre de la sagesse commençait en nous rappelant la nuit de la délivrance pascale, c’est-à-dire la nuit de la sortie du peuple d’Israël, fuyant l’Égypte, sous la conduite de Moïse. ce mystère de la libération opérée par Dieu : « Ce fut là une nuit de veille pour le SEIGNEUR quand il les fit sortir du pays d’Égypte. Cette nuit-là appartient au Seigneur, c’est une veille pour tous les fils d’Israël, d’âge en âge » (Ex 12, 42). Célébrer pour revivre, le mot n’est pas trop fort ; car, en Israël, le mot « célébrer » ne signifie pas seulement commémorer ; il s’agit de laisser Dieu agir à nouveau, de s’engager soi-même dans la grande aventure de la libération.[i]

Je crois que le temps des vacances n’est pas seulement un temps que nous avons attendu – comme Noël -, il réveille aussi nos désirs, il élargit notre cœur et il augmente notre joie pour accueillir le Seigneur qui vient. Les vacances sont également un temps pour reprendre souffle et retrouver la saveur de notre vie habituelle. Pourtant chaque vie est exceptionnelle.

Dans chaque vie peut naître la foi dont parlait la lettre aux Hébreux.

Où est notre cœur ? Saint Luc nous dit dans l’évangile que là où est notre trésor, là est notre cœur. Nous savons que le cœur est aussi le lieu de Dieu en nous, comme disait André Louf. Dieu est notre trésor.

Comme le cœur n’est pas séparé de notre corps, Dieu veut prendre soin de notre corps en nous donnant son Fils. Nous ne sommes pas chrétiens pour vivre en schizophrène en laissant, par exemple, notre vie sur le parvis de l’église, le dimanche, pour uniquement mettre notre cœur dans les mains de Dieu ? Nous ne vivons pas une vie profane la semaine et une vie sacrée à la messe du dimanche. Toute notre vie est sacrée, comme le sont aussi les vacances.

On pourrait même dire que là où est ton trésor, là est ton dieu.

Alors profitons de ce luxe d’avoir du temps et parfois du silence pour réorienter notre vie et notre cœur dans celui qui nous a donné la vie et confié son coeur. Que faisons-nous du cœur de Dieu?

Fr. Pierre Gabriel

Lectures de la messe :
Sg 18, 6-9
Ps 32 (33), 1.12, 18-19,20.22
He 11, 1-2.8-19
Lc 12, 32-48

[i] Cfr M-N. Thabut

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