Remacle

Que pouvais-je faire en la fête de saint Remacle ? Me lancer dans un panégyrique ? Mais les historiens me disent que l’on sait peu de choses sur saint Remacle. Faire un commentaire des textes de ce dimanche ? Ce ne serait pas honorer ses saints comme on les connaît.

En me référant au blason de notre monastère de Wavreumont, je voudrais plus simplement me laisser inspirer par les symboles qu’il comporte et transmet. A partir d’eux suggérer quelques pistes spirituelles. Sans prétendre non plus que c’est comme ça qu’il faut interpréter ces signes. Je ne vais pas faire de l’héraldique !

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L’élément le plus clair parmi ces signes et qui se donne d’ailleurs à lire est ce court texte qui, en quelque sorte, sert de devise : Iter para tutum, ce qui veut dire : « Prépare un chemin sûr ». C’est comme une demande adressée à saint Remacle, comme on peut demander de la protection, de la sécurité. Quoique très simple, cette formule ne manque pas d’intriguer. Nous demandons à saint Remacle et au-delà à Dieu lui-même de nous procurer un chemin sécurisé, un chemin sûr. En même temps qu’elle est une demande confiante, cette phrase est porteuse d’une interrogation non-dite. Nous savons très bien que la réalité de la vie ne sera pas toujours en sécurité, qu’à certains moments nous n’éprouverons pas du tout le sentiment d’être protégés. Le P. Abbé Capelle, abbé du Mont-César à Louvain, au moment des bombardements de la ville a eu ces mots douloureux : « Il n’y a plus qu’à se remettre dans les bras de la Providence et je vous assure que ce n’est pas rassurant… ». N’est-ce pas le sort de toute prière : non pas de douter, de ne pas croire finalement à son exaucement mais de n’avoir aucune prise sur la manière dont elle est exaucée ? Toute prière est ainsi sans savoir et sans maîtrise mais elle est portée par la promesse qu’elle n’est pas un bruit de mots. On peut dire qu’elle porte en elle un vide mais c’est un vide qui fait appeler, qui fait parler. Encore.

J’en viens maintenant au signe de l’étoile. L’étoile a toujours et partout été reconnue comme un guide, un signe à regarder pour s’orienter, pour trouver son chemin, sa voie et ne pas se perdre. Dans la Bible, aussi bien dans le premier que dans le second testament, on voit que cette étoile n’est plus seulement à chercher dans les cieux, cette étoile, c’est le Messie, en la personne du roi David et des rois suivants et puis, Jésus est confessé comme le Messie. Depuis lors, l’existence chrétienne est une existence messianique, une existence qui laisse entrer en elle ce qui vient d’au-delà, au-delà de nos garanties, de nos capacités, de nos possibilités. Nous laissons passer en nous de la résurrection, de la vie qui vient du Messie, de la vie plus forte que la mort, des forces du monde à venir.

Il y a aussi des animaux représentés sur le blason : un loup et un dragon. Une manière de rappeler, si c’était nécessaire, que toute vie est un combat, que choisir la vie ne va pas de soi. Tout au long, les psaumes disent les dangers en recourant à des images d’animaux: la patte du chien, la gueule du lion. Oui, pour rester des humains, il faut choisir de le rester. Et c’est encore vrai : l’homme peut être un loup pour l’homme. Alors ce sera non pas écraser en soi son animalité, sa part animale mais la maîtriser, mettre son énergie pulsionnelle au service du bien. N’est-ce pas ce qu’a fait Remacle en maîtrisant le loup ? Stav’leu !

« Iter para tutum », « prépare un chemin sûr ». Il y a dans ce blason un fond de bleu. Le ciel se dégage pour une navigation, un chemin dont l’issue est la victoire. L’agneau est immolé mais vivant. Le messie est crucifié mais ressuscité. C’est cette foi en la victoire finale du bien qui a mis en route Remacle et ses quelques compagnons. Aujourd’hui demandons-lui de nous accompagner sur la route. Que même dans l’insécurité, même dans l’intranquillité, nous restions des hommes et des femmes dans la foi, dans l’espérance et dans l’amour plus fort que la mort.

Fr. Hubert Thomas

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Lectures de la messe :
Sg 9, 13-18
Ps 89 (90), 3-4, 5-6, 12-13, 14.17abc
Phm 9b-10.12-17
Lc 14, 25-33

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