Il y a peu, André, une personne accueillie à l’Arche et dont je vous ai déjà parlé car c’est un ami et aussi une bonne source d’inspiration, André donc revenait de chez son cardiologue et ses proches lui demandèrent s’il allait bien et si le cardiologue n’avait rien vu de spécial dans son cœur; et André de répondre: « oui, il a vu Jésus qui se reposait »…
André n’a jamais lu les pensées de Pascal, ce dernier dira que si Dieu existe, ce Dieu-là se laisse rencontrer comme une personne vivante, de la même façon et sur le même chemin que tout autre personne. Et ce chemin est celui du cœur. Pour Pascal, c’est le cœur qui sent Dieu.
Paul dans la lettre aux Romains nous dit : « vous n’êtes pas sous l’emprise de la chair, mais sous celle de l’Esprit ». Pour André, dont je parlais au début, c’est une évidence, Jésus est dans son cœur. Dieu est en lui…
Et ce qui est évident pour André, ne le serait-il pas aussi pour nous ? Laissons-nous Dieu habiter notre cœur ? « Dans de nombreux textes, Paul insiste sur notre liberté : « vous n’êtes plus sous l’emprise de la chair » dit-il, cela signifie que nous ne sommes plus esclaves des forces du mal, mais que nous avons désormais la force de faire triompher les vraies valeurs : l’amour, la paix, la vérité, la justice. Nous en avons la force, mais nous n’y sommes pas obligés non plus : à chaque instant, le choix est à refaire. Plus nous laisserons de place à l’Esprit Saint dans notre coeur – (c’est-à-dire plus nous ferons ce qu’il nous souffle de faire dans la voie de l’amour, de la bienveillance, du pardon), plus nous serons des vivants. »
Quand Jésus, dans l’évangile dit que ce que son Père a caché aux sages et aux savants, il l’a révélé aux tout petits, il nous découvre un ensemble de valeurs toutes nouvelles ; il apporte une nouvelle vision du monde, une nouvelle manière de comprendre la personne.
Vivre selon l’esprit du monde, c’est vouloir accéder au pouvoir, chercher à être important, estimé, avoir de l’influence…c’est cela vivre sous l’emprise de la chair.
Jésus nous appelle sans cesse à quitter ce fonctionnement qui encourage les rivalités et les conflits pour se mettre à l’écoute du plus petit, du plus fragile, du plus marginalisé. Par lui, Dieu parle et rejoint chacune, chacun dans sa vulnérabilité.
C’est parce qu’André vit une relation naturelle et authentique avec Jésus qu’il peut en parler si facilement car il est là en lui et avec lui. Et je crois que l’Eucharistie est le lieu par excellence où Jésus se rend présent et nous donne sa présence par la communion à son corps. Je pense que notre relation à Jésus peut libérer nos peurs de rencontrer les autres et donc peut libérer notre parole.
Ce week-end, un groupe de quelques femmes est venu réfléchir sur « comment libérer la part du féminin dans l’Église ? »… Est-ce que le cœur ne serait pas la part du féminin dans chaque personne ? Comment ouvrir notre cœur, comment ouvrir le cœur de l’Église(?) car l’Église c’est nous ? Peut-être en s’écoutant davantage et en réapprenant à dialoguer sans peur de ce que l’autre va penser de moi. C’est cela qu’André m’apprend encore aujourd’hui…
Frère Pierre Gabriel
Cfr E.Leclerc, Rencontre d’Immensité, une lecture de Pascal, DDB, p.79
cfr commentaires de Marie-Noëlle Thabut
Lectures du jour
Za, 9, 9-10
Ps 144 (145)
Rm 8, 9-13
Mt 11, 25-30