Les grues sont passées ce week-end …
Le temple. Il faut imaginer ce grand espace consacré à Dieu où l’entrée serait un peu comme la batte à Liège le dimanche… avec des vendeurs de colombes, des drapiers, peut-être quelques vendeurs de pekès. Jésus entre dans ce temple et chasse les vendeurs avec leurs animaux et les changeurs avec leur argent.
Si nous sommes chacun le véritable temple de Dieu (Louis Evely), Dieu veut aussi entrer en nous et, comme dans l’entrée du temple, il se heurte à toutes sortes de résistances, des tentations, des soucis mercantiles qui nous encombrent le cœur et nous font souvent oublier notre objectif, notre priorité. Car, au fond du temple, au fond de nous, se tient le sanctuaire où Dieu repose. Et Jésus veut se rendre là-bas en toute liberté, en dehors de toute entrave qui le retenait à l’extérieur.
Et nous, sommes-nous vraiment des gens destinés à rester à l’extérieur de nous-mêmes ou bien en désir de pénétrer dans le sanctuaire de notre coeur?
Jésus, en ce troisième dimanche de carême, vient faire le ménage en nous et vient dégager ce qui l’empêchait d’entrer en nous et rejoindre son Père. Car celui qui fait l’unité entre Dieu et nous, c’est bien Jésus. Dieu a pris corps en Jésus et, par lui, il rejoint notre propre corps.
Frères et soeurs, en carême, il est bon de relire les grands passages qui fondent notre foi comme le livre de l’Exode que nous avons entendu en première lecture : « Je suis le Seigneur qui t’ai fait sortir d’Égypte », nos frères juifs appellent ce texte « les Dix Paroles », et non pas « les dix commandements », car la première parole n’est pas un commandement. Or elle est la plus importante !
« Je suis le SEIGNEUR ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Egypte, de la maison d’esclavage. »
La grande certitude acquise au long de l’histoire biblique, c’est que Dieu désire l’homme heureux, et il lui en donne le moyen, un moyen bien simple: il suffit d’écouter la Parole de Dieu inscrite dans la Loi. Le chemin est balisé, les commandements sont comme des poteaux indicateurs sur le bord de la route, pour alerter notre regard sur un danger éventuel : « Le commandement du SEIGNEUR est limpide, il clarifie le regard ». Au jour le jour, la Loi est notre maître, elle nous enseigne : la racine du mot « Torah » en hébreu signifie d’abord « enseigner ». Et pour les chrétiens, Jésus nous enseigne le sens des Écritures et nous tend la main afin que nous puissions mieux discerner l’essentiel de l’accessoire et que nous soyons capables d’ouvrir les portes à l’Esprit-Saint pour nous laisser visiter.
Jésus ne nous met pas sur un chemin impossible. Il nous place seulement sur son propre chemin et il nous dit qu’en le suivant, c’est possible. Son chemin est un chemin radical de mort et de renaissance où le corps de Jésus sera transpercé et d’où Dieu fera jaillir l’eau et le sang pour inonder la terre d’une vie nouvelle.
En chassant les vendeurs du temple, Jésus a renouvelé son alliance. Il chasse le vieil homme en nous pour faire naître le nouveau. Une fois cette entrée dégagée, nous pourrons être libres et monter avec lui pour vivre les épousailles dans lesquelles Dieu nous introduit déjà aujourd’hui par son eucharistie.
Le carême est le temps où le peuple des croyants prépare son coeur pour vivre les épousailles de la résurrection. Comme les catéchumènes se préparent à sceller leur alliance avec Dieu à Pâques, tous les couples comme toutes les personnes engagées avec Dieu peuvent aussi profiter du carême pour renouveler leur alliance. Demandons au Seigneur qu’il nous aide à libérer cet amour qu’il noue entre lui et son peuple et que ces semaines qui nous restent à vivre jusqu’à Pâques soient le temps de l’espérance et de la joie des amoureux qui se réjouissent d’entrer dans le temple pour sceller leurs noces. À Pâques, Dieu viendra habiter définitivement notre maison jusqu’à ce que nous le rejoignons dans son Royaume éternel. Aujourd’hui, il est temps de nous aimer et laisser Dieu être chez lui en nous.
Fr. Pierre Gabriel
Lectures de la messe :
Ex 20, 1-17
Ps 18b (19), 8, 9, 10, 11
1 Co 1, 22-25
Jn 2, 13-25