La cohérence des textes de ce dimanche est particulièrement frappante ! Le psaume, puis la deuxième lecture et ensuite l’évangile nous transportent dans une bergerie. Si nous n’avons pas l’expérience à Wavreumont d’une bergerie (sauf le bâtiment dans le fond du jardin qui porte ce nom car il abritait autrefois des moutons), nous avons bien celle du pasteur, puisque la communauté est organisée autour du prieur qui est pasteur de la communauté.
Une bergerie est un lieu particulièrement confiné et en ces jours, notre monastère à parfois une allure de bergerie puisque nous sommes plus proches les uns des autres tout en maintenant la distance requise entre nous.
Quand on me demande quel est le rôle du prieur en communauté, je réponds souvent que c’est d’abord quelqu’un qui nous aide à vivre ensemble. Le pasteur prendra soin de ses brebis et s’inquiétera de celle qui s’égare.
Je me rappelle une homélie du P. Nicolas, un 21 mars à Ermeton qui commentait la parabole du Père miséricordieux en disant que l’abbé d’un monastère devait veiller à encourager les forts et à soulager les faibles. Il reprenait par là ce qui est écrit au chapitre 64 de la règle de Benoît.
L’abbé (le prieur chez nous), nous le savons, est choisi parmi les frères de la communauté et pour moi, un critère essentiel de discernement pour l’élection d’un abbé peut être guidé par le récit des béatitudes. À propos du candidat, je me suis souvent posé les questions suivantes : aime-t-il le pauvre? est-il capable de pleurer ? est‑il doux ? peut‑il aimer ? a‑t‑il faim et soif de justice, tout en préférant la miséricorde ? a-t-il un cœur pur? aime-t-il la paix ? peut-il vivre en persécuté pour le Royaume ?
N’est-ce pas aussi de bonnes questions à se poser dans le discernement de notre vocation de moine, de chrétien et je crois, de tout parent ? Même si nous avons toute la vie pour donner une petite réponse ! Si les béatitudes rendent heureux et nous maintiennent en marche, c’est parce qu’elles ouvrent une brèche en nous, et nous rendent disponibles à l’amour de Dieu. Dieu, par nous, peut se donner.
Dernièrement, frère Bernard m’a envoyé une méditation pour profiter du confinement que nous vivons. C’est un peu une leçon de résilience qu’il nous donne en s’appuyant sur sa vie ou son histoire bénédictine. Saint Grégoire le Grand disait de Benoît qu’il habitait avec lui-même. Ce confinement peut également nous aider à entrer en nous-mêmes.
Jésus dit aussi dans l’évangile de Jean qu’il est la porte par laquelle les brebis peuvent entrer et sortir. Tout pasteur est appelé à devenir une porte pour laisser passer et permettre à ceux qu’il conduit de voir la lumière et de grandir.
Je pense que chaque chrétien a une mission de donner des clefs pour aider tant de personnes qui sont enfermées sur elles-mêmes à s’épanouir.
L’évangile de Jean aujourd’hui se termine sur une parole de Jésus qui pourrait être un idéal pour chacun: je suis venu pour que les brebis aient la vie, la vie en abondance. Oui, qui que nous soyons, nous pouvons donner la vie et la liberté. Gardons confiance en nous!
Fr. Pierre Gabriel
Message de frère Bernard :
https://www.youtube.com/watch?v=R356fVevh3w&feature=youtu.be
Lectures de la messe :
Ac 2, 14a.36-41
Ps 22 (23), 1-2ab, 2c-3, 4, 5, 6
1 P 2, 20b-25
Jn 10, 1-10