Lecture des laudes
Contempler la Croix est difficile, même pour des chrétiens. Et cette année, cette Croix semble plantée dans le monde …
C’est pourquoi ce Vendredi saint revêt une importance particulière. Sur la Croix, le Christ accomplit sa mission de porter le fardeau du monde jusqu’à la mort, de porter la mort. Nous ne vénérons pas la Croix, mais le Christ en Croix. Le Christ crucifié dit l’amour, prêt à vivre sa mission de porter la vie au monde jusqu’au bout, quoi qu’il lui en coûte. Ce n’est pas par jouissance de la souffrance ni parce que Dieu demanderait dans sa colère le sacrifice sanglant de son propre fils. C’est l’amour que nous vénérons. Et ce que nous vivons aujourd’hui nous rappelle que l’essentiel de nos vies est de vivre par amour. Nous avons tellement de témoignages magnifiques de solidarité comme les vagues d’applaudissements pour le personnel soignant. Bien sûr, il y a beaucoup de souffrance mais il y a aussi une commune humanité qui se réveille en chacun. Dans cette épidémie, on prend davantage conscience de la mort et de la nécessité de vivre maintenant en témoignant son amour à ses proches.
Les disciples ont fui au moment de la Passion par peur de subir le même sort que Jésus ; ce qui n’a pas été le cas des femmes. Elles regardaient la Croix et elles furent les premières à se rendre au tombeau. Comme les disciples, nous avons tous ce réflexe. Le jour du Vendredi saint, nous sommes appelés à le regarder et à se demander : « Sous quelle lumière, vais-je mettre ma vie ? Je crois qu’un jour je mourrai, mais que ma vie continuera en Dieu. Mais je n’ai qu’une vie. Aujourd’hui comment vais-je conformer ma vie à celle du Christ? » Ce serait beau si, au sortir du confinement, tout le monde avait senti une forme d’urgence à suivre davantage le Christ et à donner sa vie.
Sœurs carmélites de Mazille
Conférence du matin
Méditation du récit de la Passion selon st Jean.
Plus spécialement les versets 16 à 37 du chap. 19 : la crucifixion et la mort de Jésus
Cette méditation reprend en bonne partie le commentaire de la bibliste et théologienne Anne-Marie Pelletier dans son livre : « Lectures bibliques, aux sources de la culture occidentale ».
La description que nous donne saint Jean de la Passion et de la mort de Jésus est avant tout révélation de Dieu. L’évangéliste nous invite à fixer notre regard et à contempler la Passion, de telle sorte que se révèle à nos yeux ce que nous n’avons jamais fini de découvrir et de nous en émerveiller : l’immensité de l’amour de Dieu pour nous, manifesté en J.C.
Ce récit de l’évangile selon st Jean a été rédigé probablement entre les années 80 et 90. Il raconte les derniers instants de Jésus. Récit qui est bien sûr au centre de notre foi chrétienne. Ce texte constitue un exemple très remarquable de la manière avec laquelle sont écrits les évangiles, mêlant la relation des événements et l’interprétation de ceux-ci, à la lumière de l’ensemble de la tradition biblique.
Le premier objectif de l’évangéliste est de donner un témoignage. En effet, il déclare solennellement avoir été témoin de ces évènements. Le verset 35 le dit clairement : « Celui qui a vu l’atteste et son témoignage est conforme à la vérité ». En ce sens, il s’agit donc d’une narration réaliste qui se réfère à des évènements dont il a été témoin. Témoin, c’est-à-dire celui qui a une connaissance directe de l’événement dont il parle et celui qui en dégage la signification profonde.
Nous allons contempler et commenter les diverses étapes du récit que l’on peut diviser en six séquences : 1) la marche de Jésus vers le Golgotha et sa crucifixion ; 2) l’épisode de l’inscription rédigée par Pilate ; 3) le partage des vêtements de Jésus par les soldats ; 4) la désignation au pied de la croix de Marie et du disciple bien aimé ; 5) la mort de Jésus ; 6) le côté ouvert par la lance.
Les versets 16 à 18. « Ils se saisirent de Jésus. Portant lui-même sa croix, Jésus sortit et gagna le lieu du crâne, qu’en hébreu on nomme Golgotha. C’est là qu’ils le crucifièrent ainsi que deux autres, un de chaque côté et au milieu, Jésus. »
« Il sortit portant lui-même sa croix ». Comme il l’a dit : « Ma vie, nul ne la prend mais c’est moi qui la donne ». Nous regardons Jésus qui dispose de sa vie et qui la livre. Ces versets parlent de la crucifixion au dehors de la ville, puisque, dans le monde juif, on ne pouvait exécuter et enterrer sinon en dehors des murailles de la ville. Le lieu s’appelle Calvaire, en hébreu Golgotha, c’est-à-dire lieu du crâne. Nous savons que la crucifixion est un supplice pratiqué par les Romains, mais inconnu dans le droit juif. Cloué sur une croix, le supplicié était condamné à une mort qui constituait à la fois une extrême souffrance et le comble de l’infamie. Le texte de Jean mentionne la présence de deux autres condamnés, sans donner plus de détails. L’évangile de Luc a développé l’épisode, faisant parler les deux larrons. Mais ce qui intéresse Jean c’est qu’au milieu des deux se trouve Jésus, comme il l’est au milieu de notre humanité souffrante.
Passons aux versets 19 à 22. « Pilate avait rédigé un écriteau qu’il fit placer sur la croix : il portait cette inscription : Jésus le Nazoréen, le roi des juifs. Cet écriteau, bien des juifs purent le lire car l’endroit où Jésus avait été crucifié était proche de la ville et le texte était écrit en hébreu, en latin et en grec. Les grands prêtres des juifs dirent à Pilate : « Il ne fallait pas écrire « le roi des Juifs », mais bien « cet individu a prétendu qu’il était le roi des Juifs ». Pilate répondit : « Ce que j’ai écrit, je l’ai écrit. »
Ces versets sont consacrés à l’inscription que Pilate a fait rédiger et cloué sur la croix, selon la coutume qui exigeait que soit mentionné le motif de la condamnation. Cette inscription, rédigée dans les 3 langues officielles de l’époque, hébreu, latin et grec, disait : « Jésus le Nazoréen, roi des Juifs ». Il faut souligner que le titre « roi des Juifs » a une signification très différente pour Pilate, pour les grands prêtres ou pour l’évangéliste et la communauté chrétienne. Pour les grands prêtres, l’inscription dit un mensonge, puisqu’elle exprime une prétention de Jésus qui est justement un motif de sa condamnation. Pour Pilate, c’est une manière de se moquer, qui fait référence au dialogue entre lui et Jésus (v.14) où on lui présente Jésus, couvert d’un manteau rouge et avec une couronne d’épines et où Pilate présente Jésus à la foule des juifs en leur disant : voici votre roi. Enfin, pour l’évangéliste, l’inscription indique la véritable identité de Jésus. De cette manière, l’inscription clouée sur la croix formule, selon l’opinion des participants, un mensonge, une moquerie, ou la révélation de l’identité véritable du crucifié.
Les versets suivants 23 et 24 racontent le partage et le tirage au sort des vêtements. « Lorsque les soldats eurent achevé de crucifier Jésus, ils prirent ses vêtements et en firent quatre parts, une pour chacun. Restait la tunique ; elle était sans couture, tissée d’une seule pièce depuis le haut. Les soldats se dirent entre eux : « Ne la déchirons pas, tirons plutôt au sort à qui elle ira. » C’est ainsi que furent accomplie l’Ecriture : Ils se sont partagés mes vêtements, et ma tunique ils l’ont tirée au sort (Ps. 21,19). Voilà donc ce que firent les soldats. »
Le partage des vêtements du condamné était une coutume à cette époque. Cependant, la longue description de ce qui arrive avec la tunique suggère une intention bien précise. Le fait de la tirer au sort et de ne pas la déchirer fait penser que la tunique sans couture pourrait constituer un symbole d’unité, réaffirmer par le texte à l’heure de la mort du Christ. Nous pouvons voir dans cette tunique qui ne se rompt pas une allusion à l’unité de l’Eglise, une association de la mort de Jésus avec la fondation de sa communauté qu’il veut unie. « Jésus est mort pour rassembler les enfants de Dieu dispersés ». (Jn. 11,52). Jésus a donné sa vie pour abattre les murs de division et créer une humanité nouvelle où les différences ne sont plus des divisions mais sont appelées à former une unité. C’est une responsabilité particulière des chrétiens que de contribuer partout à faire en sorte que les différences de langue, de culture, de condition sociale… ne soient plus des murs qui séparent mais des éléments d’une communion toujours plus riche et plus diversifiée. Quelle belle mission est la nôtre : œuvrer pour cette humanité nouvelle, pour une communion qui rassemble et respecte les diversités.
Ensuite le texte énumère ceux qui étaient près de la croix. « Près de la croix de Jésus se tenaient debout sa mère, la sœur de sa mère, Marie, femme de Clopas et Marie de Magdala. Voyant ainsi sa mère et près d’elle le disciple qu’il aimait, Jésus dit à sa mère : « Femme, voici ton fils ». Il dit ensuite au disciple : « Voici ta mère. » Et depuis cette heure-là, le disciple la prit chez lui. »
La majorité des personnes présentes sont des femmes, parmi lesquelles se trouve Marie, la mère de Jésus, mais aussi celui que l’évangile désigne comme le disciple que Jésus aimait (ainsi chacun de nous peut s’identifier au disciple). En ce moment dramatique, Jésus désigne à sa mère le disciple comme son nouveau fils, puis une parole au disciple lui désigne Marie comme sa mère. Ainsi sont exprimées une filiation et une maternité qui débordent les liens de la chair et du sang. C’est d’abord à Marie que Jésus confie le disciple. C’est d’abord à sa mère que Jésus nous confie, chacun. Puis c’est au disciple qu’il confie sa mère. « Et le disciple la prit chez lui ». Comme Jean, nous sommes donc invités à accueillir chez nous Marie, comme celle qui maternellement nous éduque et fait grandir en nous la vie de son Fils.
Les versets 28 à 30 parlent de la mort du crucifié. « Après quoi, sachant que tout était achevé, pour que l’Ecriture soit accomplie jusqu’au bout, Jésus dit : J’ai soif ; il y avait là une cruche remplie de vinaigre, on fixa une éponge imbibée de ce vinaigre au bout d’une branche d’hysope et on l’approcha de sa bouche. Dès qu’il eut pris le vinaigre, Jésus dit : « Tout est achevé » ; et inclinant la tête, il remit l’esprit. » C’est l’accomplissement. Nous avons une brève parole de Jésus : « j’ai soif », qui correspond à un détail réaliste, mais qui représente aussi deux citations de psaume. (Ps. 21,16 « Mon palais est sec comme un tesson » et Ps 68,22 « Dans ma soif ils m’abreuvaient de vinaigre »). Enfin, il faut souligner la formule choisie par l’évangéliste pour dire la fin de Jésus : « Il remit l’esprit. » (Littéralement « transmit »). L’expression fait écho à l’Esprit-Saint. Jésus nous fait don de son Esprit, de telle sorte que nous soyons habités et renouvelés par son Esprit, et que nous en vivions.
Finalement, il y a la séquence du coup de lance, qui se trouve uniquement dans l’évangile de Jean (v.31 à 37). Cette description assez solennelle doit être mise en relation avec la proximité de la fête de Pâques, au cours de laquelle les corps ne pouvaient rester exposés. Rompre les jambes pour accélérer la mort n’était plus nécessaire puisque Jésus était déjà mort. « Pas un de ces os ne sera brisé », citation du ps. 33,21 « Le Seigneur garde tous ses os, pas un ne sera brisé ». Allusion aussi à la prescription qui exige que les os de l’agneau pascal ne soient pas brisés (« Ex 12,46 « Ils ne lui rompirent aucun os »). A l’agneau pascal on ne doit pas briser les os. Et Jésus est le véritable agneau pascal qui nous fait passer de l’esclavage à la liberté, de la mort à la vie en plénitude. Il faut aussi rappeler que l’évangile de Jean situe la crucifixion la veille de la Pâque à l’heure où on immolait les agneaux dans le Temple de Jérusalem.
Le soldat lui ouvrit le côté avec sa lance, comme pour s’assurer que Jésus est bien mort, mais nous savons l’importance de ce détail pour l’évangéliste. Je vais y revenir plus loin. Enfin, il y a une citation du prophète Zacharie, évoquant le temps futur de la rénovation de Jérusalem. Alors ses habitants « regarderont vers celui qu’ils ont transpercé, ils feront sur lui une lamentation, comme la lamentation sur un fils unique » (Za 12, 10). C’est en contemplant ce « fils unique » que les croyants découvrent et reconnaissent le Messie. C’est pourquoi, même si nous croyons que Jésus-Christ est ressuscité, il est juste et bon que l’image du crucifié se retrouve un peu partout, non seulement dans nos églises mais dans nos maisons et sur nos places, parce qu’elle nous rappelle combien Dieu nous a aimé et continue à nous aimer.
Le texte évangélique apparait donc comme une alternance entre le récit de l’événement de la mort de Jésus, d’une part, et d’autre part une série de citations de textes de l’Ancien Testament, le tout accompagné de ce refrain : « pour que s’accomplisse l’Écriture ». Il semble bien que l’évangéliste ait choisi spécialement ce qui, selon sa compréhension, rencontre un écho dans le récit biblique antérieur. La mention de la soif par exemple est caractéristique de cette attitude. A l’époque de Jésus, tout le monde savait que la soif est une des grandes souffrances des crucifiés. Si Jean le mentionne avec insistance c’est parce qu’il correspond à la description de l’homme des douleurs du psaume 21. La mention du vinaigre est une allusion au psaume 68, 22 : « dans ma soif, ils m’abreuvaient de vinaigre ». On peut dire que Jésus meurt aussi de soif. Mais en insistant sur la soif de Jésus, l’évangéliste nous ouvre à ce qu’est plus profondément la soif qui l’habite. Cette soif qu’il a exprimée à la samaritaine : « Donne-moi à boire ». La soif que Jésus exprime c’est la soif qu’il a de nous, la soif que Dieu a de voir notre humanité lui ouvrir son cœur pour pouvoir nous offrir l’infini de son amour.
On remarque qu’il y a une logique et une préoccupation constante de montrer qu’il s’agit d’un accomplissement. C’est une préoccupation qu’on rencontre dans les 4 évangiles, dont l’intention première n’est pas de raconter les faits et les évènements d’une manière neutre et objective, mais d’interpréter ce qu’ils racontent comme la réalisation de prophéties antérieures qui accomplissent l’espérance biblique.
Pour le montrer encore un peu plus, arrêtons-nous à la scène au pied de la croix et au coup de lance. Dans les versets 26 et 27, Jésus avant d’expirer confie l’un à l’autre sa mère et le disciple qu’il aime. Le mot « gunai » ici dans la bouche de Jésus pour désigner sa mère, étonne. Ce mot signifie madame ou femme et s’emploie pour s’adresser à une femme qu’on ne connait pas. Elle n’est pas d’usage normal dans la bouche d’un fils qui parle à sa mère. Par conséquent, il y a dans ce choix une distance et une solennité qui attire notre attention. Pourtant, ce n’est pas la première fois. Nous nous rappelons du même terme utilisé par Jésus, au début de l’évangile de Jean, dans le récit des noces de Cana. L’utilisation de cette parole nous invite à regarder au-delà du simple récit. Appelée de cette manière par Jésus, Marie est présentée comme la nouvelle Eve et apparait comme la figure correspondante, à la fin de l’Histoire, de la femme des Origines, dans le récit de la Genèse (appelée aussi Femme). Face à elle, le disciple représente la génération issue de la maternité de la nouvelle Eve. De cette manière, le récit a valeur de fondation : il veut exprimer l’inauguration d’un temps nouveau et la naissance, liée au sacrifice du Christ, d’un peuple nouveau.
Le second passage qui contient une intention théologique forte, c’est le commentaire qui suit le récit du côté ouvert par la lance. La solennité et l’ampleur du développement à propos d’un fait, mince en soi, indique là encore une intention forte de saint Jean. En mentionnant le sang et l’eau qui s’écoulent du côté transpercé, il entend non pas seulement décrire, mais témoigner d’un fait qu’il considère comme capital.
Ce fait s’éclaire en référence aux significations du sang et de l’eau. Signe de la vie répandue, le sang renvoie, en particulier, au sacrifice. Ainsi, la mention du sang qui coule du côté du supplicié est ici une manière pour l’évangéliste d’identifier Jésus à l’agneau offert en sacrifice selon la tradition de la Pâque juive. Quant à l’eau féconde, dont le symbolisme traverse les cultures, elle est le symbole de l’Esprit-Saint. Du côté percé du Seigneur, saint Jean voit la surabondance de la vie et de l’Esprit qui nous sont communiqués par le Christ crucifié.
Quelques siècles plus tard, les pères de l’Église souligneront encore plus la valeur fondatrice du texte. Ils associeront l’eau et le sang aux deux sacrements de l’initiation chrétienne que sont le baptême, symbolisé par l’eau, et l’eucharistie, symbolisée par le sang. L’instant de la crucifixion sera lu comme inaugurant la vie nouvelle à laquelle introduisent les sacrements, et le texte sera mis en corrélation avec le récit de la création d’Eve : de même que la première femme nait du coté ouvert d’Adam, l’Église naît du côté ouvert du Christ en croix.
« Ils regarderont vers Celui qu’ils ont transpercé ». Ils regarderont vers Jésus sur la croix parce que c’est là que se résume toute la mission de Jésus : aimer jusqu’à donner sa vie. La croix est l’expression de toute la vie de Jésus et de sa personne comme Fils de Dieu. Pourtant Dieu est méconnaissable dans la Passion de Jésus. Il s’agit de reconnaître un Dieu pleinement humain, une humanité qui est de l’ordre de l’amour. En Jésus c’est Dieu que nous voyons, mais Dieu méconnaissable. Être chrétien c’est apprendre à peu à peu le reconnaitre, à contempler longuement car il y a beaucoup de chemin à parcourir pour arriver à faire le deuil d’un Dieu tout puissant, toujours menaçant et qu’il faut se concilier par des sacrifices pour découvrir un Dieu qui nous aime jusqu’à en perdre la vie.
« Tout est accompli ». C’est la dernière parole de Jésus. C’est le sommet de la révélation de l’amour de Dieu. Et ensuite c’est le grand silence de la croix. Jésus nous a tout donné et nous contemplons son corps crucifié sur la croix. Dans le silence, après nous avoir révélé jusqu’où il nous aime, Jésus attend notre réponse, attend notre réponse de croyant parce qu’il veut revivre en chacun et chacune d’entre nous. Après Pâques, nous conserverons l’image de Jésus crucifié sur la croix, parce que la présence de Jésus se poursuit au milieu de nous dans l’exilé, dans l’exclu, dans celui qui est rejeté et persécuté sous toutes ses formes. Jésus l’a révélé à saint Paul sur le chemin de Damas : « Pourquoi me persécutes-tu ? ». Le corps de Jésus est encore persécuté et méprisé dans les pauvres et dans ceux qui vivent dans la désolation. En eux Jésus attend notre réponse. Le visage mort de Jésus nous appelle à la responsabilité parce que, comme l’a dit Thérèse d’Avila : « désormais Jésus n’a plus de pieds, sinon les nôtres, il n’a pas non plus de mains sinon les nôtres, pas de bouche sinon la nôtre ». Dans le silence qui va se prolonger le samedi saint, le Seigneur attend notre réponse.
En ce vendredi saint, méditant la Passion nous pensons à tant de personnes malades qui souffrent, qui meurent dans la solitude et l’angoisse, à tant de familles qui ne peuvent accompagner et dire au revoir à des êtres chers. Mais, en contemplant Jésus qui a donné sa vie par amour pour chacun de nous, nous pensons aussi à tant de personnes dans les hôpitaux qui risquent leur vie pour sauver tous ces malades. Nous pensons à ces minorités chrétiennes visitées par le pape, tellement éprouvées par la guerre et les persécutions, qui continuent à témoigner de leur foi, malgré le danger, et continuent à croire à une réconciliation possible. Nous voudrions passer directement du jeudi saint au dimanche de Pâques sans passer par ce dramatique vendredi saint. Mais, mort et résurrection sont inséparables. Et c’est dans ces moments de souffrance et d’épreuve que le meilleur de notre humanité se révèle parce que le sens profond de notre existence, son accomplissement, c’est de donner notre vie librement et par amour, comme Jésus nous en a montré l’exemple.
Fr. Bernard de Briey
Office de la Passion
Prière universelle
- – Prions pour l’Église
En Jésus, Dieu nous a aimé jusqu’au bout, Jésus s’est donné pour tous les hommes.
La pandémie à bouleversé nos habitudes de fréquentation de la liturgie et de la Parole déjà en grand péril
Seigneur nous te prions pour une Église vivante, audacieuse, à l’écoute de Ta parole et qui sache toujours se remettre en question pour découvrir des manières de se réinventer, qu’elle soit ouverte aux besoins réels du monde actuel afin d’accompagner davantage tous ceux qui sont en souffrance et en recherche d’une spiritualité d’ouverture
Que l’Esprit Saint accompagne ceux et celles qui œuvrent à ce renouveau, qu’ils restent fidèle à l’esprit de Ton message.
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- – Prions pour le pasteur de ton Église, le Pape François
« La croix ne peut qu’exprimer l’amour, le service, le don de soi sans réserve, c’est seulement ainsi, nous dit le pape François, qu’elle est vraiment ‘’l’arbre de la vie’’, de la vie en abondance. »
Prions pour notre pape François, notre évêque Jean-Pierre, les prêtres, les religieux et religieuses et tous ceux et celles qui sont au service de l’Église, que l’Esprit Saint les guide dans leur ministère pour faire face aux défis de notre monde, qu’il leur inspire de nouvelles stratégies afin de permettre à la ‘’Bonne Nouvelle’’ d’être encore opérante aujourd’hui. Prions aussi pour qu’ils daignent enfin prendre en compte la voix des femmes.
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- – Prions pour les familles
Le pape François a inauguré ce 19 mars l’année consacrée à la famille, « une invitation à vivre dans nos familles l’expérience du Christ, la famille comme lieu d’accueil, d’encouragement, d’amour, de tendresse et d’ouverture sur le monde. »
Seigneur, tu nous as appris à respecter les plus petits, les faibles et les sans-défenses. Nous te prions pour les enfants qui souffrent des lacunes et des maux de notre société : solitude, pauvreté, violence, manque d’amour. Que l’Esprit Saint nous aide à les réconforter, et leur donner la joie de l’espérance lorsque nous croisons leur chemin.
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- – Prions pour nos dirigeants, pour les responsables de la vie publique.
Seigneur, toi qui as créé l’homme responsable de la création, donne à nos dirigeants et à ceux qui partagent leur pouvoir de mener une politique écologique qui protège et respecte la création dont tu nous as fait don.
Qu’à la lumière de ton Esprit, Seigneur, ils fassent en sorte – mais aussi avec notre participation active – que notre ‘’maison commune’’ soit un lieu où chacun puisse vivre dignement en ayant accès aux ressources que Tu nous as offertes. Pour que cesse la logique d’exploitation et que celle-ci fasse place à une civilisation d’amour dans laquelle les plus riches se mettent au service des plus pauvres.
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- – Prions pour la paix
Dix ans après le début de la guerre en Syrie où plus de 80 % de la population vit au milieu des ruines sous le seuil de pauvreté, prions pour qu’advienne une paix durable. Que les populations exténuées par les conflits de par le monde : au Yémen, en Lybie, en Birmanie, en Afghanistan et en République centrafricaine retrouvent l’espoir en un avenir meilleur
Que l’Esprit Saint éclaire les responsables politiques afin qu’ils trouvent les voies diplomatiques qui favoriseront le respect des droits humains là où ils sont bafoués.
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- – Prions pour l’unité
Dieu aime chaque être humain sur la terre mais il ne s’impose pas ni ne force personne à l’aimer.
Par sa vie, Jésus nous fait comprendre que nous sommes tous frères et sœurs. Seigneur, nous te prions pour une meilleure entente entre les hommes, ouvre nos yeux et nos cœurs, que ton Esprit nous aide à accueillir l’autre dans sa différence et apprends-nous à apprécier sa richesse.
Seigneur, nous Te prions pour que tous les Hommes soient respectés dans leurs croyances et convictions. Que l’Esprit Saint aide les responsables de toutes les religions à collaborer les uns avec les autres, à progresser dans la connaissance et le respect mutuel vers une humanité plus fraternelle.
Nous te confions nos frères et sœurs juifs, Seigneur, nous n’oublions pas que Jésus était juif, qu’il nous a transmis leur héritage et qu’il nous l’a rendu accessible.
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- – Prions pour les futurs baptisés
Même quand il y a en nous des doutes, la présence de l’Esprit Saint demeure comme une petite veilleuse dans les jours paisibles comme dans les heures sombres
Seigneur, nous te prions pour les futurs baptisés. Sois toujours à côté d’eux pendant les jours ensoleillés et les nuits profondes de la foi. Qu’ils puissent trouver des lieux de spiritualité vivante qui nourrissent cette flamme intérieure et la fortifie.
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- – Pour les jeunes
La jeunesse est durement impactée par cette crise sanitaire
Seigneur, nous te prions aujourd’hui pour les jeunes de tous pays. Envoie-leur ton Esprit, Seigneur, pour nourrir leurs aspirations et leurs rêves. Qu’ils aient le courage et l’enthousiasme de relever les défis de notre temps. Qu’ils deviennent des artisans de paix et aient à cœur de bâtir un monde plus juste, plus fraternel.
Pour les jeunes qui n’ont plus d’espoir, à qui la société ne présente pas d’avenir.
Que ton Esprit Saint nous inspire les mots, les gestes qui réconfortent pour qu’ils puissent avancer avec envie et espérance dans la vie.
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- – Pour les malades
Au psaume 147, nous chantons « Dieu guérit ceux qui ont le cœur brisé, il panse leurs blessures. »
Seigneur, nous te confions tous ceux qui souffrent, les malades de la Covid, mais également ceux qui se sentent un peu ‘’les oubliés’’ face à cette pandémie, que ton Esprit Saint accompagne les personnes qui ont perdu un être cher.
Nous te prions pour toutes les personnes qui souffrent d’un handicap, de harcèlement et d’exclusion, pour les migrants, les prisonniers et tous les ‘’laissés pour compte’’ de notre société. Que dans les épreuves ils trouvent une écoute attentive et des gestes de réconfort, qu’il découvre dans notre regard bienveillant et nos gestes de solidarité la preuve de ton amour, que ton Esprit Saint les rende forts.
Ghislaine Fransolet