21 FÈvrier 2012 : Messe des cendres en l' Egl. Sainte Anne de la Butte aux Cailles, Paris (75), France. February 21th, 2012 : Mass on Ash Wednesday. Sainte Anne de la Butte aux Cailles Ch., Paris (75), France.

Aux portes de ce carême, frères et sœurs, une parole de saint Paul s’est imposée à moi comme une évidence, un programme et un fil rouge. Cette parole la voici, elle se trouve à la fin de la lettre aux Philippiens (4,13) :

 » Je peux tout en celui qui me dynamise. »

Une évidence, car l’Apôtre écrit cette phrase alors qu’il est en train d’expliquer qu’il a bien souvent connu la faim, que les Philippiens ont reçu de lui la Parole et qu’eux ont partagé avec lui dans son dénuement, et enfin que la prière accompagne constamment son souffle pour rendre grâce à Dieu de ce qu’il opère dans la vie des hommes.

Nous retrouvons là ce que les lectures du mercredi des cendres nous proposent: jeûne, prière, partage, à la différence près que saint Paul vit tout cela, non comme des préceptes ou des obligations religieuses, mais comme des événements au cœur de l’action de son annonce évangélique. C’est parce que le Christ est au cœur de sa vie qu’il peut endurer le manque de nourriture comme vivre dans l’abondance sans s’y attacher, qu’il peut accepter de recevoir de l’aide comme de donner ce qu’il a et ce qu’il est sans compter, qu’il peut encore rendre grâce à tout instant de ce que l’Esprit transforme sa vie.

L’évidence est donc que le carême n’est pas un devoir à remplir mais un parcours à vivre avec le Christ. Remettre le Christ au centre pour que le jeûne soit une fête, le partage une nécessité dans l’action visant un objectif, la prière une respiration.

Deuxièmement ce verset m’apparaît comme un programme qui consisterait d’abord à maintenir unis les deux parties de la proposition:  » Je peux tout … en celui qui me dynamise », car  » sans moi vous ne pouvez rien faire » dit Jésus.

Comme le mot dynamis l’indique, le programme est de prendre conscience que notre capacité à exister, à devenir, s’épanouira dans notre disponibilité à nous laisser habiter, modeler, transformer par lui pour que se déploie en nous force physique, fermeté morale et détermination à combattre le mal.

Et enfin je vois dans cette parole où il est question de force un fil rouge. Car cette force est paradoxalement puisée en Celui qui s’est fait pure faiblesse, victime clouée sur une croix. Fil rouge comme un filet de sang de celui qui donne sa vie jour après jour jusqu’au bout, jusqu’à la croix. Le carême est alors perçu comme la redécouverte que la force du Christ se cache dans les recoins de nos certitudes, les espaces qu’elles n’ont pas encore comblés.

Le carême comme un temps pour redécouvrir la force de la faiblesse.

Voilà ces quelques mots de saint Paul qui s’offrent à nous comme une devise pour ces 40 jours qui commencent:  » Je peux tout en celui qui me dynamise. »

Bon Carême

Frère Renaud Thon

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