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Nous commençons l’année par une fête mariale, la première fête de Marie que l’Église a inscrite à son calendrier. Cela plaît à certains plus qu’à d’autres, qui n’ont pas la même dévotion. Le titre de « Mère de Dieu » peut faire problème, heurter certaines sensibilités. Mater Dei, ce sont les deux mots qui manquent dans l’Ave Maria de Gounod. Mais les a-t-on bien compris, a-t-on saisi l’enjeu réel de l’expression ? Que signifie-t-elle vraiment pour l’Église ?

François Varillon a un jour publié une plaquette intitulée : « L’essentiel de l’essentiel. » Il tentait d’y exprimer ce qui était le cœur de la foi chrétienne. Et il le résumait en une phrase, empruntée aux Pères de l’Église (on ne sait pas bien qui l’a inventée) : Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu. C’est Noël. Et c’est grand comme un matin de Pâques.

Dieu s’est fait homme. Les chrétiens des premiers siècles ont essayé de comprendre cette nouvelle extraordinaire. Certains ont pensé que ce n’était pas possible, que la formule était excessive. Ils ont imaginé que Dieu avait seulement pris une apparence humaine, qu’il avait revêtu un corps comme on enfile un déguisement. Ils ont pensé que Marie n’avait engendré que cette enveloppe charnelle, que le fils de Marie était un corps sans âme, et que le Verbe de Dieu lui tenait lieu d’âme.

L’Église a répliqué : mais non, Jésus est vraiment Dieu et homme, un homme véritable. Si Jésus n’est pas vraiment un homme, si Dieu n’a pas pleinement joué le jeu en s’incarnant, s’il a triché, si Jésus a pu bénéficier pour vivre son humanité de secours dont nous sommes privés pour vivre la nôtre, son humanité n’apprend plus rien à la nôtre et l’évangile n’est plus qu’une sinistre comédie : cela ne nous servirait à rien de voir Dieu singer l’homme. Paradoxalement, dire que Marie est mère de Dieu, c’est proclamer que son fils est vraiment un homme. Elle est la mère de l’homme qui est Dieu, du Dieu qui est devenu un vrai homme.

Alors, en ce premier jour de l’an, si nous appelons Marie Mère de Dieu pour l’honorer, nous pouvons espérer que cela lui fait plaisir. Si nous commençons l’année en nous plaçant sous sa protection, ce n’est pas interdit. Mais, nous l’avons compris, l’essentiel n’est pas là. L’essentiel, ce qui devrait retenir notre attention, c’est que Dieu s’est fait ce que nous sommes, pleinement, sans demi-mesures, pour que nous devenions ce qu’il est. Et cela, c’est un fameux programme pour une année nouvelle.

Fr. François Dehotte

Lectures de la messe :
Nb 6, 22-27
Ps 66 (67), 2-3, 5, 6.8
Ga 4, 4-7
Lc 2, 16-21

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